Les maisons comtoises - n°21

La présence de ces bornes témoigne d’un besoin de rationaliser l’exploitation des forêts au XIXe siècle. Si nos besoins ont en partie évolués, et bien que le plastique et le béton aient majoritairement remplacé la pierre taillée de nos jours, les bornes restent toujours d’actualité, qu’il s’agisse de bornes kilométriques ou de géomètre. Cependant, les plus anciennes sont fréquemment oubliées, recouvertes par la mousse, enfouies sous la terre, voire détruites dans certains cas. Pourtant, ces bornes appartiennent à notre patrimoine et peuvent nous apprendre beaucoup sur l’histoire de nos territoires.

Certaines des bornes du bois de Nancray sont difficiles à dater, en raison principalement de l’absence d’inscriptions. Ainsi, on peut remarquer le long du sentier plusieurs grosses bornes en calcaire brut et en forme de stèles, perpendiculaires au tracé du chemin. Au XIIIe siècle, les querelles entre communautés pour déterminer les limites de leurs terres donnent lieu à la multiplication de bornes pour marquer les frontières. Ces bornes sont ainsi mentionnées dans les chartes (actes juridiques) et sont d’une importance capitale à une époque où il n’existe ni cadastre ni plan parcellaire. Dans le cas présent, il s’agit peut-être aussi de bornes délimitant la frontière entre Nancray et Bouclans, potentiellement antérieures à celles marquées d’un « N ».

La borne que vous avez devant vous fait partie de celles que l’on remarque le plus facilement le long du sentier : des bornes taillées en pavé, au sommet pointu souvent peint en blanc, et portant de chaque côté un numéro gravé en chiffres romains. Ces bornes ont probablement été installées dans les années 1810, afin de délimiter des parcelles d’exploitation forestière.