La Jougnena

Située au pied de Jougne, au creux du vallon, cette petite chapelle, placée comme l’église de Jougne sous le vocable de Saint Maurice, s’inscrit dans l’enclos du cimetière de la Ferrière. Elle appartenait jadis à un prieuré construit par les bénédictins de l’abbaye Saint-Maurice d’Agaune (en Suisse) qui pouvaient y faire étape entre leur couvent et la Bourgogne. Le prieuré a aujourd’hui complètement disparu et seule subsiste la chapelle.
Cette chapelle a été rebâtie au XIIe siècle sur une crypte carolingienne du IXe siècle. 

La Jougnena est un petit cours d’eau qui prend naissance au pied des Aiguilles de Baulmes, à 1200 m d’altitude. Sa vallée, étroite dans la partie supérieure, s’élargit ensuite, en même temps que son tracé NE-SO se modifie pour devenir N-S. 12 km après sa source. Après avoir été grossie par les eaux du Vaubillon et de petits ruisseaux, elle se jette dans l’Orbe.
Ce faisant, ses eaux sont destinées à rejoindre… la mer du Nord.

Elle est liée à l’arrivée en 1800 de la famille Vandel. Originaire de Morez, elle donne à la métallurgie locale une impulsion décisive. Cette activité métallurgique fournit la matière première à diverses industries de transformation. On dénombre ainsi deux fabriques de faux, six clouteries dont quatre à Jougne, une à la Ferrière et une à Entre les Fourgs. Au total, 400 personnes vivent du fer et de ses dérivés, au début de la IIIe République, dans la vallée. Il convient encore de mentionner la présence d’une demi-douzaine de scieries, quatre moulins, une tannerie et une huilerie.

Ballaigues conserve sur son territoire la plus longue voie romaine à ornières de Suisse, vestige de l’axe reliant le nord de la péninsule italienne aux provinces de la Gaule en passant par le col du Grand- Saint-Bernard, la rive nord du Lac Léman, Orbe, le col de Jougne, Pontarlier et Besançon. Ce fragment de plus de 200 mètres témoigne non seulement des techniques et du savoir-faire des Romains, mais également de l’extraordinaire développement de leur réseau routier qui comptait plus de 70 000 kilomètres.

En 1871, les Jougnards voient passer une partie de l’armée de Bourbaki, qui gagne la Suisse où elle est désarmée. 
Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Jougne est non seulement en secteur occupé mais en zone interdite. Bien que la frontière soit fermée, cela ne l’empêche pas d’être un lieu de passage vers la Suisse. Et c’est à la frontière de Jougne, le jeudi 26 avril 1945, que le maréchal Pétain, arrivant de Vallorbe, est arrêté par le général Kœnig.